Docteur en médecine, psychiatre, anthropologue, militante socialiste et féministe au début du XXe siècle, Maria Montessori ne s’est jamais considérée comme une éducatrice. Son objectif était de définir un moyen, en tant que scientifique, de soutenir au mieux le développement humain.

Grâce à un travail précurseur dans l’observation et la compréhension de l’enfant, elle élabora – scientifiquement – une pédagogie originale. Son travail porte sur la période allant de la vie in-utero jusqu’à l’âge de 24 ans.

Elle a fondé ses recommandations sur les observations faites en travaillant avec enfants et jeunes de tous âges dans de nombreuses régions du monde. C’est cet héritage que nous voyons aujourd’hui dans les milieux Montessori, sur tous les continents. Tout comme ses découvertes sur l’enfant à naître ont été validées par la suite en embryologie, ses découvertes sur le cerveau de l’adolescent sont maintenant validées par les neuro-scientifiques contemporains. Qu’elle ait été aussi visionnaire est impressionnant !

Bricolage en équipe au collège Montessori

Les étapes du développement humain

Maria Montessori a divisé le développement humain en quatre périodes. Pour chacune de ces étapes, elle a identifié les besoins et les caractéristiques des bébés, des enfants, des adolescents et des jeunes adultes. Elle a identifié les sensibilités spécifiques et les différentes façons dont l’humain en développement manifeste les tendances universelles.

  • De 0 à 6 : construction de la personnalité et de l’individualité. « Aide moi à faire par moi-même ».
  • De 6 à 12 ans : apprentissage de l’indépendance morale et mentale. « J’ai besoin de comprendre par moi-même ».
  • De 12 à 18 ans : construction de la personnalité sociale. « Aide-nous à faire par nous-mêmes » (en tant que communauté). Voir Les 12 – 18 ans, pédagogie Montessori pour les adolescents…
  • De 18 à 24 ans : construction de l’indépendance spirituelle. « Je sais qui je suis, je sais que mes convictions sont fondées ».

La pédagogie Montessori

L'enfant et son secret selon Maria Montessori : la concentration

Les principes de base

C’est au sein de la première Maison des enfants (Rome, dès 1907), véritable lieu d’observation des enfants de trois à six ans, que Maria Montessori prendra pleinement conscience des potentialités des jeunes humains. Elle découvre « l’enfant et son secret », selon sa propre expression, secret qui réside dans le pouvoir de concentration.

Elle constatera également que l’enfant est doté d’un esprit absorbant, faculté remarquable de s’imprégner et d’intérioriser tout ce qui l’entoure, puis de construire sa personnalité avec ce que lui offre son milieu.

Ces observations ont conduit Maria Montessori à penser une pédagogie scientifique, fondée sur le désir d’apprendre et la conquête de l’indépendance, permettant aux élèves de développer leurs pleins potentiels, tout en apprenant le respect, la tolérance et la dignité, en les vivant au quotidien.

Dans un environnement Montessori, afin que leurs besoins soient respectés, les enfants sont libres de choisir leurs activités, parmi une gamme de propositions qui a été pensée et prévue pour répondre aux enjeux des périodes sensibles. La possibilité pour l’enfant de poursuivre l’activité aussi longtemps qu’il le souhaite, lui permet de satisfaire ses intérêts profonds, et offre le temps nécessaire à la construction de l’intelligence, selon son propre rythme. L’enfant focalise son attention sur l’activité et peut s’y concentrer de longs moments. Il devient alors un être calme, plus social, respectueux du travail de ses camarades, allant jusqu’à transformer son propre environnement familial. Chaque enfant, quel qu’il soit, poursuit au milieu des autres et avec les autres, son propre développement en satisfaisant ses différents besoins spécifiques. Grâce à la pédagogie Montessori, il apprend alors sans effort, avec joie.

La place de l’adulte

L’éducateur, et les adultes qui interagissent avec l’enfant, le guident sur le chemin de ses apprentissages, de sa construction et lui permettent de faire ses propres expériences. Ils interviennent avec justesse et discrétion, développant ainsi la confiance de l’enfant en ses capacités et instaurant un climat de sécurité, de joie, de liberté et de respect mutuel. La connaissance théorique de l’enfant issue de l’expérience de Maria Montessori, complétée par l’observation, aident les adultes à savoir quand leur intervention est réellement utile et justifiée.

La pédagogie Montessori : liberté et guidance

Quel est le degré de liberté ?

L’enfant dispose d’une grande liberté de mouvement, de choix des activités et d’expression. Cependant, un cadre clair est posé afin de permettre à l’enfant de se situer et au groupe d’évoluer dans le respect de chacun, des différences, des divers rythmes, du matériel, etc.

Pour Maria Montessori, la liberté ne signifie pas être libre de tout faire mais plutôt de pouvoir satisfaire seul ses besoins vitaux. Cette liberté donnée à l’enfant lui offre l’opportunité de se développer de manière harmonieuse et d’acquérir l’autonomie, l’indépendance et la volonté, qui sont des pré-requis à l’autodiscipline.

Dans la pédagogie Montessori, liberté et discipline vont de pair et le degré d’obéissance dépend du degré de maturation de la volonté de l’enfant. L’objectif est bien d’atteindre l’obéissance comprise et choisie et non la soumission due à la contrainte.

A quoi sert le mélange des âges ?

La diversité des âges, des maturités, des expertises, permet la diversité des liens et des façons de s’entraider. La pédagogie Montessori utilise des mécanismes naturels pour favoriser les apprentissages mutuels et offrir plus de latitude aux progressions individuelles. Les plus jeunes enfants qui arrivent dans un lieu déjà investi par les plus grands sont stimulés. Les plus âgés sont très proches des plus jeunes, peuvent identifier leurs besoins facilement et ont spontanément envie de rentrer en contact avec eux. Lorsqu’un « grand » aide un « petit », c’est un enfant « expérimenté » qui montre à un autre enfant qui ne l’est pas encore, comment faire. Il lui apporte de l’aide avec une grande justesse. Pour l’enfant plus âgé, c’est l’occasion de développer ses qualités sociales et de constater le chemin qu’il a lui-même parcouru. Cela lui permet aussi de se tourner vers les autres.